C’est un article qui risque de vous faire réagir, mais je pense que la consultation systématique de votre écran d’appareil photo lorsque vous photographiez est purement contre productif et vous empêchera de progresser sur divers points photographiques. Voyons ce qui vous amène à consulter votre LCD, un petit top trois vus au fil de mes rencontres. L’exposition, la mise au point, le cadrage.

Cadrage et mise au point

Ces deux aspects sont discutables puisque « lisibles » sur le LCD du boîtier. On peut effectivement voir le cadre final de l’image et zoomer dans l’image pour vérifier la mise au point. Concernant le cadre, plutôt que de le vérifier après coup, il suffit de faire le tour de viseur avec son œil pour vérifier le cadrage juste avant de presser le déclencheur. Il faut évidemment partir avec une intention photographique à la base, et ne pas déclencher pour se dire « on verra bien ce que ça donne ». Concernant la mise au point, j’ai envie de dire, faites-vous confiance ! L’AF du boîtier est suffisamment précis si ce dernier est correctement employé. C’est à vous de découvrir les faiblesses éventuelles de votre AF (vitesse, pompage, zone de contraste, etc..). Je vous fais part de ma propre expérience, en quinze ans de photographie numérique (j’ai eu mon premier AF avec le numérique), j’ai dû avoir deux ou trois déchets de mise au point ! Aujourd’hui, 50 % de mes photos sont faites en mise au point manuelle non pas par snobisme, mais tout simplement parce que les optiques que j’utilise sont dépourvues de motorisation AF. Ces optiques sont également utilisées pour des reportages professionnels, autant vous dire que lors d’un reportage, il n’est pas question de zoomer à chaque prise de vue pour voir si la mise au point est bonne !

Pour ceux qui ont connu l’avant numérique comme moi, je vous laisse imaginer les problèmes de cadrage et de mise au point avec ce type d’appareil photo ! (voir image ci-dessous) Ces deux appareils photos pris en exemple sont toujours fonctionnels, à gauche la Retinette Kodak (24×36), viseur en trou de serrure et mise au point manuelle à évaluer (bague graduée en mètre). A droite un Glodstein Goldy boite en carton (6×9), viseur poitrine de toute petite taille. Et bien sûr comme vous pouvez vous en douter aucune info (LCD) à l’arrière de l’appareil photo !

Retinette Kodak et Glodstein Glody

Exposition

Il y a deux façons de faire pour l’exposition, ceux qui photographient en cherchant un pseudo-rendu immédiat à la prise de vue sur le LCD du boîtier (une majorité d’utilisateurs) et ceux qui optimisent l’exposition à la prise de vue (la meilleure pratique à mon avis), en essayant de chercher des infos pertinentes sur le LCD du boîtier photo.

Pour le premier cas d’utilisateurs qui de plus photographient en RAW, je ne peux que les encourager à optimiser l’exposition et de s’occuper du rendu dans le logiciel de développement. (des liens vers divers articles en bas de page). Observons le LCD du boîtier lorsqu’on a photographié pour un pseudo-rendu, la lecture de ce dernier va également dépendre de l’environnement lumineux et de son propre réglage. (voir image ci-dessous). L’image paraît flatteuse sur le LCD rétroéclairé, mais qu’en est-il vraiment ?

Aperçu LCD boitier pour un pseudo-rendu

Regardons maintenant ce même fichier ouvert dans LR (logiciel que j’utilise) avec un profil linéaire « maison ». Le fichier est bien évidemment sous-exposé ! (un lien en bas de page pour voir les dégâts causés par la sous-exposition en numérique).

Fichier réglage à zéro dans LR avec un profil linéaire (sous-exposé) 

Observons à présent ce qui se passe lorsqu’on optimise l’exposition. L’exposition a été mesurée dans ce cas précis au spotmètre interne du boîtier photo. (lien en bas de page sur la mesure en lumière réfléchie) Les indications sur le LCD sont inutilisables pour valider notre exposition, tant l’indicateur d’écrêtage que la lecture de l’histogramme. (voir images ci-dessous)

Aperçu LCD boitier exposition optimisée

Histogramme boitîer 

Ci-dessous le fichier ouvert dans LR avec un profil linéaire, l’exposition est bonne pour ne pas dire parfaite.

Fichier réglage à zéro dans LR avec un profil linéaire (exposition optimisée) 

Lorsqu’on optimise l’exposition pour le RAW en numérique, les indications sur le boîtier photo ne sont d’aucunes utilités. On pourrait éventuellement se servir des informations pour du JPEG direct mais est-ce bien nécessaire ?

Pourquoi s’affranchir du LCD en photo ?

Comme on vient de le voir plus haut dans l’article, lors de la photographie en RAW, nous n’avons aucune info pertinente sur l’exposition de notre fichier. Ça n’engage que moi, mais qu’on fasse du JPEG direct ou RAW, il vaut mieux ne plus consulter son LCD pour les raisons suivantes :

  • Les informations pour le RAW ne sont pas pertinentes. Admettons qu’elles pourraient l’être pour le JPEG direct, ces dernières ne vous aideront pas à avancer dans votre pratique photo. C’est-à-dire comprendre ce qu’il faut mettre en œuvre pour mesurer la lumière, soit avec un posemètre soit en utilisant la cellule interne du boîtier photo.
  • Vous désirez faire (ou faites) du reportage, on ne peut pas passer son temps sur le LCD à « stresser » parce que l’indicateur d’écrêtage bat la chamade ou que l’histogramme est collé à droite. Je vous laisse imaginer un reportage type événementiel comme un mariage avec une mariée et un marié en blanc ! Il est nécessaire de comprendre la mesure de lumière et ça ne passe pas par le LCD ! Le reportage étant une pratique qui nécessite une très bonne connaissance de la mesure, puisque les conditions de lumière sont très changeantes.
  • Vous faites (ou désirez) faire du portrait, il n’y a pas meilleur moyen pour perdre la connexion avec son modèle parce que vous consultez sans arrêt le LCD de votre boîtier photo. Une fois le set posé, lumière ambiante ou flash et mesuré correctement, il n’est pas nécessaire de regarder son LCD après chaque déclenchement. Le temps passé sur le LCD c’est du temps que vous ne passez pas avec votre modèle et ça se ressentira sur les photos finales.
  • Pour des photos type paysage ou architecture, on a évidemment plus de temps, mais la consultation de LCD n’apporte rien pour l’exposition. N’imaginez pas que les prises de vues multiples (type bracketing) vont vous aider ! Vous risquez de ne pas avoir un fichier correctement exposé (optimisé) et vous n’aurez pas avancé dans la compréhension de la mesure de lumière.

Conclusion

Je n’ai pas parlé de visée électronique dans mon article, mais si vous utilisez ce type de visée (liveview, EVF), je vous conseille de ne pas utiliser ce système pour y voir un pseudo-rendu d’exposition pour faire vos réglages, mais simplement pour cadrer et faire la mise au point. Apprenez à utiliser un posemètre et ou la cellule interne de votre boîtier photo.

J’ai parlé plus haut dans mon article de snobisme en évoquant la mise au point manuelle, il y a quelques années lorsqu’un constructeur (Leica) a sorti un boîtier numérique dépourvu d’écran LCD, on pouvait lire sur un grand forum national que c’est le comble du snobisme que de sortir ce type de boîtier. Personnellement, je trouve ça très courageux et j’aimerais bien que d’autres constructeurs osent proposer ce type de boîtier dépourvu d’écran.

Concernant l’utilisation de mon LCD, il sert à effacer les fichiers ou à formater les cartes depuis le boîtier photo.

La photographie a plus deux cent ans, et ça fait plus de deux cent ans que les photographes sont capables d’exposer, cadrer, faire une mise au point sans se soucier d’un pseudo résultat sur un écran LCD et souvent avec du matériel bien moins évolué que le matériel actuel moderne. J’espère que cette lecture vous amènera à une réflexion sur votre pratique photographique future.

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