Beaucoup de controverse sur les forums photo ou groupes Facebook dédiés à la photo sur l’usage ou non du flashmètre posemètre en photographie numérique. Il y a les pros contre, les pros pour, bref comment s’en sortir ? Je ne vais pas vous donner la solution, mais juste vous parler de ma pratique. J’espère que cette dernière vous donnera envie de changer la vôtre.
Pourquoi utiliser un flashmètre posemètre
C’est le seul moyen d’avoir une mesure précise. Que ce soit en lumière flash ou lumière ambiante (continue), la mesure en lumière incidente permet de s’affranchir de la réflectance du sujet.
La mesure au posemètre (mesure en lumière incidente) est utilisable directement (or compensation liée au support photographique pour optimiser l’exposition) sans interprétation en comparaison de la mesure en lumière réfléchie qui elle doit être interprétée. Pour rappel, mon article : Appréhender la mesure en lumière réfléchie.
Mon flashmètre posemètre
Dans ma pratique photographique, j’utilise un flashmètre posemètre Sekonic L-358. Ce flashmètre a l’avantage d’être compact et de prendre très peu de place dans un sac photo, donc aucune excuse pour ne pas le prendre avec soi. J’ai choisi ce flashmètre pour les critères suivants qui me semblent indispensables pour une bonne pratique en studio (lumière flash et lumière mixte) :
- Intégrateur (lumisphère) rétractable
- Touche ∆EV (mesure de contraste)
- Indication ratio flash / lumière ambiante en pourcentage
Pour vous éviter des questions inutiles, le Sekonic L-308 ne répond pas à ces critères et donc je ne vous le recommande pas. On peut s’en servir, mais les manipulations sur le 308 « alourdissent » la mise en oeuvre et pourrait décourager l’emploi d’un flashmètre posemètre. Je parle par expérience, j’ai commencé avec ce flashmètre.
Mon flashmètre posemètre Sekonic L-358
Utilisation du flashmètre
Je ne vais pas vous mentir en disant que de placer un set monosource ou multisources est impossible sans flashmètre. Il n’y a qu’une chose qui ne soit pas possible, c’est de prendre une photo sans appareil photo. Bon trêve de plaisanterie, si vous souhaitez ne pas galérer dans la mise en place de vos sets lumière, le flashmètre me semble être un outil indispensable en studio. Pourquoi ? (les réponses correspondent à ma pratique)
Un des éléments auquel on ne pense pas lorsqu’on parle de flashmètre, c’est le « confort » du modèle (dans le cas du portrait studio). Quel rapport entre un flashmètre et le confort du modèle ? Tout simplement, il faut savoir que vous pouvez placer et régler votre set de lumière (mono ou multisources) sans la présence du modèle sur le set ! Le modèle peut se consacrer à son habillage, maquillage, détente pendant la mise en place du set et sera bien plus « disponible » au moment opportun. Par expérience sur des séances en guest, j’ai pu constater une grande lassitude du modèle pendant la mise en place du set par le photographe, surtout si ce dernier met en place un multisources (en transpirant à grosses gouttes).
Le flashmètre permet :
- de régler au 1/10 ième d’IL l’énergie au flash nécessaire pour exposer correctement le sujet (modèle)
- de vérifier le positionnement (orientation) de ma source par mesure de contraste
- de mesurer le falloff de ma source par mesure de contraste sur un portrait en pied par exemple
- de mesurer l’impact de ma source sur le fond (mesure de contraste)
- de régler un set multisources (au 1/10 ième d’IL)
- de régler un ratio flash lumière ambiante en extérieur ou en studio on location
Sur l’utilisation (pratique) du flashmètre, je ne vais pas réécrire ce qui existe déjà, je vous renvoie vers un autre article d’Olivier Chauvignat : La mesure de la lumière en numérique.
Exemple de portrait studio en multisources réglé au flashmètre. Une softbox 40 x 40 (keylight) placée à 30° à gauche. Un bol 21 cm avec un nid d’abeille pour faire une tache sur le fond (calé à – 2,5 EV par rapport à la keylight). J’ai mesuré un contraste de 3 EV entre la tête et les pieds du modèle. (contraste que j’ai désiré sur mon image)
Portrait studio multisources
Un exemple de portrait en extérieur avec un éclairage mixte réglé au flashmètre. J’ai utilisé une Octobox 3′ (90 cm) sur Ranger RX Elinchrom. Le ratio flash/lumière ambiante est d’environ de 50% de mémoire, je n’avais pas noté cette donnée lors de la prise de vue. C’est typiquement le genre de données qu’il faudra noter pour reproduire le set à un autre endroit et à un autre moment.
Portrait en extérieur lumière mixte
Utilisation du posemètre
On pourrait penser que l’usage d’un posemètre en lumière ambiante ou continue n’est pas vraiment utile, la cellule interne de notre boîtier gère ça très bien ! Hélas, il n’en est rien ! Voir mon article : Appréhender la mesure en lumière réfléchie. Certes sur certains reportages je me passe de l’usage du posemètre par manque de possibilité de faire une mesure, mais il m’arrive de l’utiliser en reportage. Se passer du posemètre en lumière ambiante, demande une bonne compréhension de la mesure en lumière réfléchie, surtout si l’on souhaite optimiser l’exposition d’un fichier numérique et ne pas confier cela à son appareil photo. Si vous avez été convaincu par l’utilisation du flashmètre en studio, ne vous privez surtout pas de la fonctionnalité posemètre de votre nouveau compagnon !
Que ce soit en portrait, en photo d’architecture, etc … la mesure au posemètre permet de s’affranchir d’une série de photos test et d’interprétation hasardeuse sur le LCD du boîtier photographique. Prendre une mesure au posemètre ne prend pas plus de temps que de faire une série de photos en corrigeant l’exposition pour avoir (en théorie) un fichier bien exposé. Comme pour la photographie de studio, le posemètre permet la mesure de contraste autour d’un modèle, ou d’une scène, etc ….
Exemple d’une photo prise avec une mesure au posemètre. Certes cette scène aurait très bien pu être mesurée avec la cellule interne de l’appareil photo, mais aurait nécessité une interprétation de la mesure pour faire un « one shot » ou alors faire quelques clichés tests. La mesure au posemètre m’a permis non seulement de caler mon exposition correctement pour optimiser ma prise de vue, mais également de faire une mesure de contraste sur l’arrière-plan pour savoir comment ce dernier allait s’intégrer dans le reste de l’image. L’histogramme sur le LCD ne m’aurait pas permis cela, et encore moins l’évaluation hasardeuse. Avec un contraste trop important (sujet / arrière-plan), j’aurais dû éclairer le fond. J’avais prévu cette éventualité en emportant du flash avec moi pour cette série de photos.
Aoste – Extrait du livre « Focus Abondance »
Mise en oeuvre de la mesure (photo : Rozenn Delauré)
Un autre exemple, un portrait en lumière ambiante en contre-jour mesuré au posemètre. Dans cet exemple, j’ai pris la mesure depuis l’endroit de la prise de vue. En effet, pour ce type de photo (portrait en pied en lumière ambiante) pas besoin de « coller » le posemètre sur le sujet pour faire la mesure, il suffit de tenir le posemètre à la verticale, l’intégrateur (lumisphère) sorti vers l’opérateur (photographe) et de faire la lecture de la mesure. Là encore, une mesure unique permet de régler correctement l’exposition pour le sujet, pas besoin de tâtonner par série sur le LCD de son boîtier.
Portrait en lumière ambiante en contre jour mesuré au posemètre
Conclusion
Vous aurez compris à la lecture de mon article que je suis pro flashmètre posemètre. J’espère tout simplement vous amener à réfléchir sur votre pratique photo et qui sait peut-être vous convertir à l’usage d’un tel outil. L’investissement financier et temps pour l’apprentissage est très vite rentabilisé par la souplesse de travail que va vous offrir le flashmètre dans votre propre pratique quel que soit votre niveau photographique. N’hésitez pas à poser des questions, j’y répondrais avec plaisir.