La chambre photographique à soufflet est apparue après la « chambre à tiroir » (deux demi-caisses en bois, corps avant muni d’un objectif, corps arrière muni de la plaque sensible). Par « grand format » on désigne les supports photographiques (film, capteur) qui ont une dimension supérieure à 6×9 cm jusqu’à 20×25 cm voir plus.

Le matériel

J’ai fait récemment l’acquisition d’une ancienne chambre photographique à soufflet GF (18×24) dans un assez bon état. J’ai fait faire quelques réparations sur le châssis qui avait une fuite de lumière et un recalage du plan film (mauvaise mise au point). Cette chambre à été bricolée par les anciens propriétaires, on pourra difficilement la classer dans les pièces de collection, ça tombe bien, le but étant de faire des photos avec et non la mettre en vitrine ! J’ai eu avec la chambre une optique en laiton « Chromostigmat serie R n° 151 » qui ouvre à f/8 (env 240mm). J’ai glané sur internet une optique un peu plus récente (1958), de fabrication russe, l’Industar 37 qui a une focale 300mm qui ouvre à f/4.5 pour faire du portrait.

Chambre photographique à soufflet grand format

Le support photographique

A terme, j’aimerais faire du collodion humide. Pour le moment, je travaille avec un papier positif direct produit par Harman (Ilford). C’est un papier baryté surface brillante à très fort contraste mono grade. Ce papier à une faible sensibilité entre 1 et 3 ISO. Le papier peut se manipuler en lumière inactinique (rouge), ce qui est bien pratique pour le chargement du châssis en chambre noire. Le développement se fait avec une chimie « classique » papier. Concernant la chimie, j’ai trouvé les recettes de révélateurs et fixateurs sur internet. J’ai commandé les produits chimiques afin de fabriquer moi-même révélateur et fixateur. L’intérêt de fabriquer sa chimie est d’avoir un « levier » d’action sur le rendu. On trouve sans problème les produits tout faits sur internet.

Le papier utilisé pour la photo étant très contrasté, on peut réduire ce contraste par une pré-illumination (pré-flashing) du papier. Ce procédé consiste à exposer le papier un temps donné sous une faible source lumineuse. On peut déterminer ce temps de pré-flashage en faisant une bande test par pas de 1 seconde. Le temps de pré-flashage correspondra à la partie de la bande test qui de détache du noir. Sur l’image ci-dessous j’ai mis un repère rouge sur la bande test qui va déterminer ce temps de pré-flashage (10s dans mon cas). Sur cette image il y a aussi un exemple sans et avec pré-flashage. J’ai utilisé une lampe à pince (liseuse) avec une ampoule de filament de 15w et un cache carton blanc (Canson assez épais), le tout placé à environ 50 cm au-dessus de la feuille à pré-flasher. Le pré-flashage peut se faire avant la prise de vue ou après, cela n’a aucune incidence sur la photo.

avant après pré-flashage papier positif direct

Je vous propose une première série de portraits photographiés avec cette chambre. J’ai utilisé pour l’éclairage des modèles le Ranger RX Speed AS (Elinchrom) qui fournit 1100 joules, ainsi qu’une octobox de 3′ (90cm) Profoto (sans les diffuseurs).

Le matériel photographique employé étant dépourvu d’obturateur, il faut utiliser le bouchon de l’optique en guise d’obturateur. Pour la prise de vue au flash, on enlève le bouchon de l’optique, on déclenche le flash (avec la télécommande), et on remet le bouchon sur l’optique (technique de l’open flash).

C’est une pratique qui demande du temps et de la patience, le rendu photographique est exceptionnel et le voyage dans le temps sans commune mesure avec une pratique photographique moderne (numérique) !

Les photos présentées sont juste scannées (aucune correction)

 

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Commentaires
Christophe DUMORTIER

Bonjour Jean Marc,
Je peux pré-flasher longtemps avant de faire les prises de vues (1 semaine),
ou cela pose un problème ?
J’ai fait mes premiers essais,
– premièrement pour le pré-flashage, je peux me tromper car deux temps différents peuvent donner la même densité de noir,
– deuxièmement, sur ma chambre le papier est inséré dans un spectum du chassis, mais le papier Harman FB est assez épais, donc il ne s’insère pas jusqu’au bout, il faut que je le coupe un peu dans sa longueur.
Cordialement, Christophe.

Bonjour Christophe,

– Tu peux sans problème preflasher le papier bien avant la séance photo. Personnellement, je n’en vois pas l’interêt, je m’explique …
En fonction du rendu souhaité je peux changer mon temps de preflashage et c’est (à mon avis) uniquement au moment de la séance photo que je le saurais. Pour info, on peut preflasher avant ou après la prise de vue (donc juste avant de développer). Le seul intérêt à preflasher bien avant, c’est pour les séances photo en extérieur pour ne avoir à gérer cet aspect sur le coup.

– Pour répondre à ton deuxième point, je dirais qu’il est préférable d’une part d’utiliser un timer électrique (pour la précision) et d’autre part de faire en sorte d’avoir un temps de preflashage plus proche des dix secondes que de deux ou trois secondes (puissance ampoule). Avoir un temps « long » permet d’avoir de petits décalages sans trop de conséquences. Autre point, si le temps de preflashage se situe au niveau du décollage de la courbe de réponse des noirs, un temps légèrement inférieur aura quasi le même impact (j’espère être clair sur ce point)

– Concernant la coupe du papier, j’utile du 20×25 dans un châssis 18×24, donc c’est coupe à chaque chargement

Bonjour,
Super j’adore le rendu…
Je cherche à utiliser ce papier dans les mêmes conditions.
Je réfléchis à investir dans un kit flash suffisamment puissant pour cette utilisation.
C’est pourquoi j’aurais quelques questions pour mieux comprendre les conditions de vos essais si vous voulez bien :
Les portraits sont réalisés sur le papier flashé c’est ça ?
Si c’est le cas, vous avez exposé au flashmètre pour une valeur de 3 iso ?
Dans ce cas un flash 1100 joules suffit donc.
Sans préflashage il aurait fallu un flash plus puissant non ? 1200 voir plus ?
Merci beaucoup de votre retour.
Meilleures salutations.

Bonjour,

Oui le rendu est très beau !
L’ensemble des portraits présentés ont été préflashés. Le préflashage réduit le contrast uniquement, aucun impact sur l’exposition. J’ai en effet calé mon flashmètre sur 3 ISO, ne pas oublier de compenser l’exposition en fonction de l’indice de soufflet. Avec mon flash Ranger RX (1100 joules) et l’octobox 3′ (90 cm) sans les diffuseurs, j’arrive à m’en sortir. 🙂

Bonjour Jean Marc,
Je suis dans la même situation, en effet, j’ai récupéré une chambre 18×24 Lorillon (1930), j’ai investit dans 3 chassis à rideau…
Par contre j’ai monté un obturateur compound n°5 équipé d’un objectif 210mm,
je vais acheter un 300mm Industar, mais j’hésite entre le 11m f/9, le 37 (f/4,5) et le 55 (f/4,5)
pouvez-vous m’orienter ?
Bravo pour ce blog, passionnant.
Cordialement, Christophe.
PS : attention, un ami faisant du collodion, m’a dit que les chassis à rideaux ne sont pas compatible, car le produit se détache quand on fait coulisser le rideau

Bonjour Christophe,

Merci pour ton retour. Concernant les optiques Industar, j’ai utilisé uniquement le 37 (300mm f/4.5), donc difficile de faire un retour sur les autres optiques. Le 37 est très lumineux ce qui permet des mises au point assez facile sur le dépoli. Autre avantage, sur des supports peu sensibles (collodion ou positif direct) ça permet de photographier avec 1000 joules d’énergie au flash.
Concernant l’usage du collodion sur le châssis, j’ai un ami en région parisienne qui photographie à la chambre avec châssis à rideau au collodion, visiblement sans trop de problème. Je pense attaquer le collodion pour ma part à partir de l’année prochaine (l’atelier sera en place), je verrais à ce moment ce que ça va donner 🙂