Un article pour vous donner des clés pour démarrer correctement vos développements sur Lightroom. Au fil de mes rencontres, je constate que le développement pose un réel problème à beaucoup de personnes… Par où commencer ? C’est la question qui est très souvent posée. Certains attaquent le développement avec des outils de correction localisé (filtre gradué, etc.), d’autre part la courbe de tonalité, voir par un preset, etc..
Que puis-je faire avec les différents panneaux du module de développement ? Je vous propose de détailler cela dans cet article. Nous ne verrons pas l’action de chaque curseur, et je ne fournirais pas de valeur de réglage à appliquer sur les différents curseurs.
Avant d’attaquer ce module de développement, j’aimerais clarifier certaines choses. On ne développe pas pour améliorer une photo ! J’entends souvent : « Que puis-je améliorer sur cette image ? », en ayant un fichier brut à l’écran. Tout comme en argentique, on développe dans LR (ou autre logiciel) pour révéler une image et lui donner un rendu. Donc, si vous êtes en mode « Amélioration », je vous suggère de passer en mode « Développement ». Passer en mode « Développement », implique de scinder des éléments dans le processus photographique. Ce n’est pas l’appareil photo qui « fait » la photo, mais vous, en faisant une prise de vue (exposition, cadrage, mise au point, etc…) donc des choix, et en développant cette dernière pour avoir le rendu souhaité, donc encore des choix.
De même, on ne retouche pas dans Lightroom (ou autre logiciel de développement). Ce n’est pas parce qu’on tire des curseurs de tonalité ou de couleurs qu’on retouche la photo, ce qui voudrait sous-entendre que l’appareil photo nous fournit une photo toute faite même en RAW. Il faut absolument faire le distinguo entre développement et retouche. (voir article)
Développement
Récemment l’ergonomie du module développement a évolué. On trouve dorénavant la gestion des profils dans le panneau « Réglages de base », ce qui est une très bonne chose. Adobe a mis un peu de temps pour le comprendre.
Réglages de base
Le panneau « Réglage de base » est bien fait puisqu’il contient les principaux outils de réglage. Un fichier avec les réglages par défaut de LR.
Fichier avec les réglages à zéro dans LR
Il est impératif de débuter le développement dans ce panneau. Sur le fichier en exemple ci-dessous, application d’un profil linaire personnalisé (voir article), correction de la balance des blancs, réglage de tonalité (exposition, contraste, hautes lumières, ombres, blancs, noirs) et réglage de présence (clarté, vibrance, saturation). C’est une opération qui prend généralement moins d’une minute pour avoir une bonne base de départ. Ne copiez pas les réglages qui ne vous seront d’aucune utilité pour vos développements personnels. Concernant le profil vous pouvez choisir parmi les profils proposés par LR si vous n’avez pas de profil personnel. C’est également dans ce panneau qu’on va définir le type de traitement : couleur ou noir et blanc.
Développement de base LR
Courbe de tonalités
Le panneau « Courbe de tonalité » contient des outils d’affinement de tonalités et de couleurs (courbes RVB). Les outils de ce panneau pourront nous servir à « faner » notre image (cut des blancs et/ou des noirs, voir article) et/ou de faire un traitement croisé (voir article).
TSL/Couleur
Le panneau « TSL » contient des outils d’affinement des couleurs. Ce dernier peut nous servir à affiner des dérives sur un TC (traitement croisé). Exemple ci-dessous, TC avec les courbes RVB, dérive dans le panneau « Etalonnage » (détaillé plus bas), et affinage dans le panneau « TSL ». (traitement non finalisé, les réglages seuls du panneau TSL ne sont d’aucune utilité)
Affinage des couleurs dans le panneau TSL, suite à un TC par la courbe
Lors d’un choix de traitement en noir et blanc, les outils TSL seront remplacés par un mélangeur noir et blanc. On peut trouver ce panneau dans certains logiciels sous forme roue (roue chromatique)
Virage partiel
Ce panneau aurait pu ou dû se nommer « Split Toning » qui me semble plus adapté. Avec ce dernier on peut colorer les noirs et blancs (virage argentique), ou créer des effets sur des images couleurs (Traitement Croisé par exemple). Lorsqu’on débute, il est peut-être plus facile de faire un TC avec ce panneau de réglage.
Avant après TC avec le panneau « Virage partiel » (Split Toning)
Détail
Ce panneau permet de régler la netteté et réduire le bruit sur une image. Le réglage par défaut de LR est trop important pour moi. Je l’ai redéfini dans les paramètres de développement par défaut (voir plus bas dans l’article) en fonction des boîtiers utilisés.
Corrections de l’objectif
Ce panneau permet de corriger les aberrations chromatiques et le vignetage provoqués par l’optique. On peut imaginer utiliser ce panneau pour amplifier des défauts en fonction d’un rendu recherché. Je n’ai pas exploré cette piste à ce jour.
Transformation
Ce panneau permet de corriger les distorsions et déformations, ainsi que les défauts de perspective. J’utilise ce panneau pour les photos d’architecture pour corriger les petites distorsions ou de niveau qui m’auraient échappé lors de la prise de vue.
Effets
Le panneau « Effets » permet d’appliquer un vignetage après recadrage, et d’appliquer du grain. Deux types de vignetage intéressants à réaliser, le vignetage optique, et le vignetage de tirage, vignetage qu’on pratique sous l’agrandisseur en photographie argentique.
Exemple d’un vignetage optique
Exemple d’un vignetage de tirage
Le grain appliqué pourra être plus ou moins gros et visible. Très utile pour ma part pour casser la netteté du numérique
Exemple de grain (avant/après)
Etalonnage
Ce panneau permet d’apporter des modifications aux paramètres d’étalonnage par défaut de l’appareil photo. Ce panneau peut servir à caractériser une image (voir article), en utilisant uniquement ce panneau, ou en complément d’autres réglages (Courbe de tonalités, TSL, Split Toning).
Corrections localisées
Je ne vais pas passer beaucoup de temps sur ce sujet, j’utilise de moins en moins ce type de correction. Je ne dis pas qu’il ne faut pas les utiliser, il faut avant de tirer par exemple un filtre gradué pour le ciel, voir si on ne peut pas régler ça d’une manière globale. En règle générale, si l’on a à disposition un fichier correctement exposé, le développement ne devrait pas poser de problème, y compris pour faire ressortir certains éléments (nuages par exemple). Exemple d’un paysage avec un ciel nuageux. Un avant/après sur le avant le fichier avec un profil Adobe, et sur le après un profil personnalisé pour le boîtier, et un réglage précis dans le panneau « Réglages de base » et le panneau « TSL » pour faire ressortir tous les éléments sur l’image.
Développement de photo de paysage sans utiliser les corrections localisées
Paramètre de développement par défaut
Une fois que vous aurez mis en place votre protocole de développement inhérent à la prise de vue, il peut être intéressant de prérégler certains paramètres pour ne pas y revenir systématiquement. Cette étape peut être ajustée au fil du temps et de l’évolution de la pratique. Vous n’êtes pas obligés de démarrer par cet ajustement, il vaut mieux avoir un peu d’expérience sur sa pratique pour bien comprendre les paramètres qu’on souhaite définir par défaut. Ce réglage réalisé permettra d’afficher les nouveaux fichiers importés pour un boîtier donné avec ces réglages, de même lors d’une réinitialisation sur un fichier.
Les réglages que je préconise :
- Le profil d’entrée, soit vous laissez un profil LR, soit vous définissez un profil que vous avez créé (linéaire, couleur, etc.)
- Le réglage de Netteté. Pour moi, le réglage par défaut est bien trop fort. En fonction de mes boîtiers, le gain peut varier entre 0 et 15.
- Les corrections optiques, aberration chromatique et/ou l’activation de profil de correction (en fonction de l’optique utilisée)
- En fonction des boîtiers, je baisse légèrement la saturation et pousse un poil la vibrance.
Une fois les réglages par défaut souhaités et réglés, il suffit de les mettre à jour dans le menu : « Développement – > Définir les paramètres par défaut… ». On peut restaurer les paramètres par défaut d’Adobe ou mettre à jour avec nos propres réglages qu’on vient de faire.
Presets
Une question qui revient très souvent, « Faut-il faire l’acquisition de preset ? » (payant ou gratuit). La réponse est non ! Pourquoi ? Une des premières raisons… Imaginons que je viens de finaliser mon développement sur ma photo, je peux donc sans problème enregistrer les réglages en tant que preset. (je pourrai le mettre à disposition gratuitement ou le vendre) Hélas ce preset fonctionnera correctement que sur des images issues de la même séance (même axe, même lumière, même boîtier, etc..), donc au final un preset pas très utile ! Vous avez sans doute déjà fait cette expérience, télécharger des presets en voyant des images et rendu qui pourraient vous intéresser et au final qui ne marche pas sur vos images. Vous pouvez tester gratuitement les presets fournis dans LR dans les rubriques « Couleur », « Création », et « N & B » pour vous en rendre compte par vous-même. Autre raison pour ne pas succomber au charme du preset, c’est que ce dernier ne vous apprendra pas à développer et surtout de comprendre ce qu’il faut mettre à l’œuvre pour arriver au résultat souhaité.
Alors pourquoi avoir cette possibilité de preset ? ! Rien ne vous empêche de faire des préréglages de certaines choses (couleur, courbe, grain, vignetage, etc.) pour vous faire gagner du temps dans vos développements. Un preset « global » est très rarement une bonne chose. J’ai construit au fil du temps une bibliothèque de réglages divers et variés regroupés dans des dossiers. (voir image ci-dessous)
Organisation de mes préréglages dans LR
Il n’y a aucun preset global que ce soit dans les Noirs et blancs, les Films vintage, etc. On trouvera par exemple des préréglages de mélangeur noir et blanc dans le dossier Noir et blanc en fonction de film existant (rendu obtenu par recherche). Pour les Films vintage (couleur), préréglage de courbe, et/ou de TSL, et/ou d’Etalonnage en fonction de film existant (idem pour les rendus, j’ai passé beaucoup de temps en recherche et j’en passe encore).
Exemple de presets LR (TC par la courbe de tonalités)
Pour vous inspirer de quelques préréglages et démarrer votre propre bibliothèque de réglages, vous pouvez sans problème consulter les presets fournis dans LR dans les dossiers « Courbe », « Grain », « Vignetage ».
Conclusion
J’espère vous avoir donné quelques clés pour démarrer du bon pied vos futurs développements LR. Si vous souhaitez approfondir le sujet sur les différents panneaux dans ce module, je vous recommande les livres de Gilles Théophile.
Les deux photos finalisées, la photo de paysage photographiée au 24×36 et la photo de portrait au Moyen Format numérique. Ces deux photos ont été développé sans correction localisée. On pourrait très bien affiner le développement de ces deux images avec des corrections localisées.
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